PRÉVENIR OU RENVERSER LA MALADIE D’ALZHEIMER
Par Éric Simard, docteur en biologie et chercheur
Article tiré du blogue Vitoli : https://vitoli.ca/blogue
Plusieurs scientifiques et médecins parlent de renverser le déclin cognitif et la maladie d’Alzheimer. Le plus connu de ceux-ci étant le Dr Dale Bredesen qui a créé le protocole « Bredesen » aussi appelé RECODE qui vise le renversement de la maladie ou PRECODE qui vise la prévention. Le Dr Bredesen est un neurologue américain ayant consacré 30 années à la recherche sur la dégénérescence nerveuse. Il vient de sortir une version française de son livre qui contient des mises à jour sur son protocole de renversement (La fin d’Alzheimer – Le programme. 2021. Édition Thierry Souccar, 411 pages)
Il est question de renversement parce que les symptômes des stades précoces peuvent être renversés. Dr Bredesen n’est pas le seul à le dire. Un autre auteur, médecin et chercheur, le Dr Michael Nehls, arrive à la même conclusion avec à peu près les mêmes recommandations. Il est l’auteur de deux livres sur le sujet dont : Guérir Alzheimer: Comprendre et agir à temps (2017, Éditions Actes Sud, 301 pages).
Il affirme même que : « Ces résultats spectaculaires apportent la preuve que certaines prescriptions non médicamenteuses combinées (mode de vie, alimentation, détox, sommeil, sport…), non seulement empêchent la progression de la maladie, mais suppriment les symptômes déjà apparus. Un jour, de plus en plus de patients pourront dire : J’avais l’Alzheimer. » (Et ils s’en souviendront.)
Mieux vaut prévenir que guérir
Beaucoup de gens pensent que la maladie est d’ordre génétique et que l’on ne peut rien y faire. Sachez qu’il existe plusieurs facteurs génétiques qui peuvent augmenter les risques, mais leur expression et leurs impacts dépendent de l’ensemble des habitudes de vie. Il est possible de regrouper les risques sous trois principaux groupes : la génétique (impliquée plus fortement dans environ 30% des cas), les habitudes de vie (particulièrement celles qui influencent la pression sanguine et la résistance à l’insuline) et l’usage de certains médicaments (qui expliquerait jusqu’à 10% des cas; les somnifères et les anticholinergiques sévères). Ces risques sont bien sûr reliés au fonctionnement du cerveau.
Le cerveau consomme de 20 à 25% des calories. La production d’énergie augmente aussi la production de molécules oxydantes et les besoins en antioxydants. Il est donc fortement vascularisé. Que se passe-t-il si ces vaisseaux sanguins sont endommagés?
Les cellules du cerveau sont particulièrement sensibles au manque d’oxygène et meurent rapidement. Ainsi, après 5 minutes les cellules manquent déjà d’oxygène et après environ 10 minutes, il y a déjà des dommages irréparables. Donc, si ces vaisseaux sanguins se brisent ou se bloquent, les risques de démences et d’Alzheimer augmentent. Pour cette raison, il est fortement recommandé de réduire ou d’éliminer les mauvaises habitudes suivantes :
- Le tabac ;
- La sédentarité ;
- Le mauvais cholestérol oxydé (athérosclérose) ;
- L’obésité (en lien avec la santé cardiovasculaire et la résistance à l’insuline) ;
- La haute pression
Ceci est aussi valable pour les chocs causés au cerveau tel que les commotions cérébrales. Ces impacts endommagent ou brisent certains vaisseaux sanguins ce qui augmente les risques de développer la démence ou la maladie d’Alzheimer à moyen ou long terme.
Réparer les cellules endommagées
Les habitudes de vie favorisant la conservation des capacités cognitives agissent à la fois sur la réduction des risques mentionnés précédemment et sur la capacité du cerveau à produire de nouvelles connexions nerveuses et à réparer des secteurs endommagés. Il a été longtemps pensé qu’à l’âge adulte les cellules nerveuses cessent de se développer. Ce n’est pas le cas, ou du moins, elles conservent la capacité de le faire si elles ont accès aux ressources nécessaires, que leur environnement est propice et que la nécessité se fait sentir. C’est ce que l’on appelle la neurogenèse ; il est possible de la stimuler par l’alimentation, les habitudes de vie et la prise de suppléments.
L’alimentation
La diète MIND (Mediterranean-DASH Intervention for Neurodegenerative Delay) aiderait à réduire de 54% les risques d’Alzheimer. Ce régime alimentaire priorise des aliments de grande qualité nutritionnelle tels que les légumes verts feuillus, les grains entiers, les noix, les petits fruits, les légumineuses, le poisson et la volaille. Toujours selon cette diète, il est recommandé de consommer le moins possible de la viande rouge, du beurre, de la margarine, du fromage, des desserts ou tous autres aliments transformés.
Puisque les cellules du cerveau ont un grand besoin d’énergie, elles sont particulièrement sensibles à la résistance à l’insuline. Ainsi, les approches comme le jeûne intermittent ou la diète cétogène permettent d’améliorer leur fonctionnement soit en réduisant la résistance à l’insuline, si c’est le cas, mais aussi, en donnant accès à une autre source d’énergie : les corps cétogènes. Il s’agit d’un aspect très important des protocoles de renversement des symptômes. La flexibilité métabolique serait un aspect très important à la fois pour la prévention et le traitement.
Un aliment à ne pas négliger; les œufs. Effectivement, ceux-ci auraient un impact positif sur la réduction des risques de démence par leur composition en Vitamine B12, en lutéine et en choline.
L’exercice physique
Il suffit de rester actif au quotidien et de favoriser des activités exigeantes qui feront travailler votre cerveau en activant plusieurs systèmes à la fois : coordination des mouvements, équilibre, parole, sentiment, etc. Voici quelques exemples : jouer au tennis (œil-mouvement), danser (rythme-mouvement) et avoir une vie sociale de qualité. Pour avoir un cerveau en bonne santé, il faut l’utiliser à sa pleine capacité.
En ayant un mode de vie actif au quotidien, la circulation sanguine s’améliore ce qui contribue à la santé des mitochondries (petites usines énergétiques) et augmente le volume de l’hippocampe (siège de la mémoire). Ce n’est pas tout! Le jour même, les bénéfices engendrés par l’activité physique ont un impact sur la mémoire. L’activité physique à elle seule pourrait réduire les risques de démence de 50%.
Le sommeil et le stress
Il n’est pas surprenant qu’un sommeil de mauvaise qualité favorise le développement de la démence et de l’Alzheimer. Une étude a démontré une augmentation des risques chez les personnes qui dorment moins de 5 heures par nuit. Attention, l’usage des somnifères chimiques pourrait augmenter les risques. Les suppléments naturels pour aider à dormir sont bien sûr à favoriser, si besoin est. De même, il ne fait aucun doute que réduire le stress serait une approche efficace pour diminuer les risques de la maladie. La qualité du sommeil et la gestion du stress sont bien sûr reliées.
Vie sociale de qualité
Une étude provenant de l’Université Harvard a conclu, après avoir observé 10 228 personnes sur une période de 28 ans, que les gens âgés de 60 ans qui fréquentent des amis tous les jours diminuent leurs risques de démence de 12%. Tout porte à croire que ce pourcentage tend à augmenter si la qualité de la vie sociale augmente. La qualité de la vie sociale dépend de la personnalité.
Dans un blogue précédent (La personnalité pour vivre 100 ans), il est mentionné que les centenaires du Japon, de la Suède, des États-Unis et de l’Europe partagent des traits de personnalité communs. Ces mêmes traits de personnalité, reliés à une longévité plus courte ou plus élevée, sont aussi reliés au développement de la maladie d’Alzheimer.
Les suppléments
Les composantes qui peuvent être améliorées par les suppléments, en lien avec les risques et la prévention de l’Alzheimer, sont principalement :
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La résistance à l’insuline ;
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L’apport en antioxydants ;
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La santé des vaisseaux sanguins ;
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Les carences pouvant réduire les capacités de neurogenèse ;
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L’amélioration de la circulation sanguine ;
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La stimulation de l’autophagie ;
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La réduction de l’inflammation du cerveau ;
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La réduction du stress ainsi que l’amélioration du sommeil
Le cerveau étant plutôt étanche aux molécules en circulation sanguine, ce ne sont pas tous les suppléments qui sont reconnus pour ces améliorations qui peuvent être utiles. Une récente découverte est venue confirmer une hypothèse importante qui date de plusieurs années : les porteurs de l’APO-E4, une mutation génétique qui modifie le transport des lipides sanguins, auraient besoin de consommer une quantité beaucoup plus importante d’oméga-3 pour permettre au cerveau d’en avoir suffisamment. Il s’agit d’une des mutations connues pour augmenter davantage les risques de développer l’Alzheimer. Ainsi, la prise d’un supplément ou une consommation alimentaire très élevée en oméga-3 pourrait aider à réduire les risques associés à cette mutation.
Parmi les vitamines, la vitamine B12 et la vitamine D3 sont probablement les plus importantes. Les carences en sélénium, en zinc et en lithium pourraient aussi être en cause (manger des fruits de mer et des noix est une très bonne habitude). Pour les extraits de plante, le ginkgo biloba cumule sûrement le plus de données probantes liées à l’amélioration de la circulation sanguine (à éviter avec la prise d’anticoagulants).
Parmi les molécules naturelles les plus intéressantes pour le cerveau, Petrella et ses collaborateurs (2021) présentent deux des polyphénols les plus importants de la diète méditerranéenne : les polyphénols d’olives et le resvératrol. Ils permettent à la fois de réduire l’inflammation, de réduire la résistance à l’insuline, de stimuler l’autophagie, de réduire l’oxydation et de stimuler plusieurs mécanismes de réparation. Ces chercheurs proposent leur utilisation autant pour la dégénérescence nerveuse que pour la dégénérescence neuromusculaires.
Publié initialement dans la revue Vitalité QC : https://vitalitequebec-magazine.com/
Conclusion
Il est clair que les habitudes de vie ont un grand impact sur la prévention du déclin cognitif. Le maintien de la condition physique apporte un bon soutien à la santé globale, et il y a également d'autres moyens concrets d'intervenir dans le processus de déclin cognitif.
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